Les surdités, sont des affections fréquentes, liées à l’atteinte d’une ou plusieurs structures de l’oreille. Les pertes d’audition augmentent avec l’âge, affectant moins de 5% des personnes âgées de 21 ans à 34 ans, et environ 45% des personnes âgées plus de 65 ans (1).
Les surdités sont classées en trois catégories selon le ou les segments de l’oreille atteint(s) à savoir (1, 2) :
- Les surdités de transmission: Elles sont liées à des atteintes de l’oreille externe ou de l’oreille moyenne.
- Les surdités de perception des signaux nerveux: Elles sont liées à des atteintes de l’oreille, du nerf auditif, ou rarement, du centre de l’audition, situé au niveau du système nerveux central.
- Les surdités mixtes associant surdités de transmission et de perception.
Les pertes d’auditions peuvent être uni ou bilatérales, d’apparition progressive ou brutale.
Les surdités liées au vieillissement sont les plus fréquentes, mais plusieurs causes peuvent être à l’origine de pertes d’audition à savoir (1) :
- Les anomalies congénitales: certaines surdités sont associées à des maladies génétiques tels que la trisomie 21, les ostéocléroses[1]٭, les mucopolysaccharidoses, les neurofibromatoses[2]٭.
- Les complications périnatales de la prématurité: l’acidose et l’hypoxie.
- Les infections : les otites infectieuses externes ou moyennes, les méningites bactériennes, des cochléites virales, des méningo-encéphalites, la rougeole et les oreillons.
- Les tumeurs bénignes ou malignes de l’oreille.
- Les troubles métaboliques ou endocriniens : diabète sucré, troubles thyroïdiennes.
- Les maladies auto immunes : lupus érythémateux, sclérose en plaques, etc.
- Les toxiques: des métaux lourds (arsenic, cadmium, mercure et dérivés, plomb), le bromate de potassium, le cobalt, des éthers de glycol, le toluène, la cocaïne (voie endonasale).
- Les causes iatrogènes: la radiothérapie, certaines interventions de l’oreille.
- Les traumatismes.
De nombreux médicaments, très variés peuvent être aussi en cause. Ils ont le plus souvent une toxicité directe sur l’oreille interne ou sur les nerfs auditifs, entrainant une surdité de perception unilatérale ou bilatérale. Le délai de survenue d’une ototoxicité médicamenteuse varie selon le médicament, allant de quelques heures ou quelques jours, jusqu’à plusieurs années après le début du traitement (1, 2, 3).
Cette ototoxicité dépend souvent de la dose de médicament et de la durée d’exposition. Les pertes d’audition s’aggravent parfois quand la prise du médicament est poursuivie et même après son arrêt. Une perforation du tympan augmente le risque de surdité irréversible, en cas d'utilisation de gouttes auriculaires contenant des substances ototoxiques (1,3).
Il existe des facteurs qui augmentent le risque de surdité liée au médicament à savoir (1,3) :
- L’âge des patients : le jeune âge ou le grand âge.
- La déshydratation.
- La diminution de l’élimination du médicament, notamment lors de l’insuffisance rénale.
- L’administration de fortes doses du médicament et/ou une administration rapide.
- L’association avec d’autres médicaments ototoxiques.
Les médicaments les plus souvent incriminés dans la perte d’audition sont les suivants (1,3,4) :
Classe médicamenteuse |
Médicament |
|
Des antibiotiques
|
Des aminosides |
La gentamicine, la streptomycine, l’amikacine, la néomycine, la tobramycine, la kanamycine. |
Des macrolides |
L’erythromycine, l’azithromycine. |
|
Des cyclines |
La minocycline. |
|
Des Glycopeptides |
La vancomycine, la teicoplanine. |
|
Des polypeptides |
La polymyxine B. |
|
Des céphalosporines |
Le ceftriaxone. |
|
Des antifongiques
|
L’amphotéricine B, la griséofulvine, l’itraconazole. |
|
Des interférons |
Le bocéprévir, l’interféron B.
|
|
Des médicaments cardiovasulaires |
Les diurétiques de l’anse |
Le férosumide, le bumétadine. |
Un inhibiteurde l’enzyme de conversion |
Le ramipril. |
|
Des antiarythmiques |
La quinidine, l’hydroquinidine. |
|
Des anti-inflammatoires non stéroïdiens |
L’aspirine, le célécoxib, l’ibuprofene, naproxène,etc,,. |
|
Des médicaments des troubles de l’érection(les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5). |
Le sildénafil, le tadalafil, le vardénafil. |
|
Des antipaludiques |
La quinine, la chloroquine, la méfloquine, l’arthéméther. |
|
Des immunodépresseurs |
La thalidomide, le muromona-CD3, le tacrolimus, l’éfalizumab, la chloroquine, l’hydroxychloroquine. |
|
Des anticancéreux |
Le cisplatine, la carboplatine, la vinblastine, la vincristine, le mifamurtide, la chlorméthine le docétaxel, le nilotinib, l’erlotinib, le thalidomide, le bortézomib. |
|
Des antalgiques |
Le protoxyde d’azote. |
|
Des neuropsychotropes |
L’acide valproïque, le flumazénil. |
|
Des disphosphonates |
L’acide pamidronique, l’acide étidronique. |
|
Un hypouricémiant |
Le fébuxostat. |
|
Des médicaments chélateurs de fer |
Le déférasirox, le défériprone, la déferoxamine. |
Remarque : L'association de plusieurs médicaments exposant à des surdités majore ce risque.
En pratique. La prescription d’un médicament qui expose à des surdités nécessite la prise en compte des facteurs de risque et l’information des patients de cet effet indésirable afin qu’ils soient attentifs aux signes évocateurs (pertes d’audition, acouphènes ou vertiges).
Bibliographie :
1-ʺPertes d’audition d’origine médicamenteuse˝. Rev Prescrire 2014; 34 (368) : 428-435.
2-ʺComprendre les différents types de surditésʺ. https://www.lescentresmasliah.com. Mise à jour le 15 Juin 2017 : 01 page.
3- Réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance RFCRPV. ″Médicaments et troubles de l’audition″. Mise à jour le 06 Février 2020 : 03 pages.
4-ʺOtotoxicité médicamenteuse″. https://www.em-consulte.com. Mise à jour le 08 Aout 2012 : 01 page.
Dernière mise à jour : Septembre 2022
[1] L’ostéosclérose est une pathologie osseuse qui se caractérise par une densification, une condensation anormale de l’os.
[2] La neurofibromatose est une maladie héréditaire, caractérisée par de nombreuses tumeurs bénignes dans l’organisme, des taches cutanées pigmentées (taches café au lait) et des malformations nerveuses.
1*: L’ostéosclérose est une pathologie osseuse qui se caractérise par une densification, une condensation anormale de l’os.
2*: La neurofibromatose est une maladie héréditaire, caractérisée par de nombreuses tumeurs bénignes dans l’organisme, des taches cutanées pigmentées (taches café au lait) et des malformations nerveuses.
Dernière mise à jour : Septembre 2022