Le natalizumab est un anticorps monoclonal anti-4-intégrine humanisé, indiqué dans le traitement de fond des formes très actives de sclérose en plaques rémittente-récurrente (SEP RR) chez les patients adultes uniquement.
Ce médicament a amélioré le pronostic vital de nombreux patients. Cependant, des effets indésirables graves mais rares peuvent apparaitre d’où la nécessité de la surveillance des patients.
Parmi les effets indésirables rares et graves, la leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP). C’est une pathologie infectieuse cérébrale, opportuniste liée à la réactivation d’un virus, le virus JC*. Elle peut être fatale ou entrainer un handicap sévère. Les premiers symptômes peuvent être difficiles à différencier d’une poussée de SEP, son pronostic dépend de la précocité du diagnostic.
Les facteurs de risque de survenue d’une LEMP sous natalizumab sont les suivants :
-Un traitement antérieur par immunosuppresseur quelque soit la durée du traitement par natalizumab.
-La présence dans le sang d’anticorps anti-virus JC*, le virus responsable de la LEMP.
- Un traitement prolongé par natalizumab, le risque est majoré au-delà de 24 mois de traitement.
Les patients présentant, de façon cumulée ces 3 facteurs de risque présentent le plus haut risque de survenue de LEMP.
Des mesures de surveillance à l’attention des prescripteurs pendant la durée du traitement par natalizumab sont nécessaires à savoir :
1-Informer les patients du risque de survenue de LEMP au moment de l’instauration et après deux ans de traitement.
2-Reconsidérer soigneusement la balance bénéfices-risques du traitement après deux ans, en discutant avec le patient ;
3-Faire pratiquer un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM) dans les 3 mois précédant l’instauration du traitement par natalizumb et annuellement après le début du traitement ;
4 -Faire preuve d’une vigilance clinique continue tout au long du traitement (surveillance clinique) ;
5-Suspendre le traitement par natalizumab dès qu’une LEMP est suspectée et tant que le diagnostic n’est pas définitivement exclu. Cet arrêt doit être suivi d’une évaluation adaptée comprenant une IRM et une ponction lombaire en recherchant les éléments suivants :
IRM : des lésions étendues bilatérales asymétriques de la substance blanche sous-corticale des lobes occipitaux et pariétaux.
PL: la présence d’ADN du virus JC* dans le liquide céphalo-rachidien.
* JC : virus appartenant à la famille des polyomaviridae . Il a été isolé pour la première fois en 1971 chez un patient (John Cunningham).
6- Arrêter définitivement le natalizumab, si une LEMP est confirmée, et instaurer des séances d’échange plasmatique/immunoadsorption (PLEX/IA) pour accélérer l’élimination du natalizumab.
En pratique, la balance bénéfices-risques du natalizumab doit être évaluée 03 mois avant l’instauration du traitement à la recherche de facteurs de risque de survenus d’une LEMP, et une année après, avec une réévaluation après 2 ans de traitement, chez tout patient, afin d’éviter la survenue d’effets indésirables connus et évitables.
Bibliographie :
1-ʺTysabri (natalizumab) et leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP) - Point d'informationʺ. https://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Tysabri-natalizumab-et-leucoencephalopathie-multifocale-progressive-LEMP-Point-d-information. 02 pages. Consulté le 11/04/2019.
2- ʺ Mise au point sur l’utilisation de la spécialité Tysabri® 300 mg (natalizumab) dans le traitement de la sclérose en plaquesʺ. www.ansm.santé.fr. 25 pages. Consulté le 11/04/2019.
3- ʺInformation importante de Pharmacovigilance : Données actualisées sur TYSABRI (natalizumab) et le risque de leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP) ʺ. www.ansm.santé.fr. 03 pages. Consulté le 11/04/2019.
4-ʺ Natalizumabʺ Guide des interactions médicamenteuses. Rev prescrire 2018. (322) : 888-889.
Dernière mise à jour : Mai 2019