Le zinc est un oligoélément nécessaire au fonctionnement de plus de 200 métalloenzymes (y compris des phosphatases acides, des phosphatases alcalines, les alcool-déshydrogénases, les anhydrases carboniques, les superoxydes dismutases et les ARN et ADN polymérases) ainsi qu’un composant ou activateur de nombreuses enzymes du métabolisme des protéines, des glucides et des lipides (1).

Le zinc est aussi un composant des hormones et des récepteurs, il contribue à l’expression génique et est particulièrement important pour le stockage de l’insuline ainsi que pour le maintien des fonctions gustatives et olfactives. Néanmoins  son rôle au sein du système immunitaire est controversé (1).

L’organisme humain contient environ 2 g de zinc, dont près de 70 % se trouvent dans les os, la peau et les cheveux. Par ailleurs, le zinc s’accumule aussi dans les érythrocytes, entraînant des concentrations dans le sang total six à sept fois supérieures à celles du sérum (1).

Une carence en zinc peut se manifester par une : dysgueusie puis agueusie,  car le zinc intervient dans la synthèse de la gustine, protéine indispensable à la perception du goût dans les bourgeons du goût ; l’anosmie qui est la perte de l’odorat.

Selon les données de certaines études, ces mêmes signes se retrouvent lors d’une infection par le coronavirus. Il est possible que la sur-sollicitation immunitaire entraine une majoration des carences en zinc, engendrant ces symptômes chez certains sujets (2).

Le statut en zinc est un facteur critique qui peut influencer l'immunité antivirale. D'autant plus que les populations déficientes en zinc sont souvent les plus à risque d’infections virales, telles que le VIH ou le virus de l'hépatite C.

Le rôle du zinc comme antiviral peut être résumé en 2 modes d’actions:

 - Amélioration de la réponse antivirale et de l'immunité chez les patients qui présentaient une carence en zinc (2).

 - Inhibition de la réplication virale et des symptômes liés à l'infection (2).

Les études cliniques utilisant une supplémentation en zinc se limitent principalement à l'infection au rhinovirus et sont souvent regroupées avec d'autres virus comme la grippe et les coronavirus (3).

Il a été démontré que les sels de zinc inhibent le virus respiratoire syncytial. Les auteurs suggèrent que le  mécanisme serait une inhibition empêchant la fusion de la membrane virale à la membrane de la cellule hôte (2).

Outre que l’activité antivirale du zinc , une étude conduite  par l’American Cancer Society (CNE- ; de la Fondation Susan G. Komen for the Cure  ; du programme OK-INBRE du NIH ) en 2014, a permis de montrer, d’une part, que la chloroquine augmentait de manière dose-dépendante l’absorption du zinc par les cellules cancéreuses et, d’autre part, que la combinaison de la chloroquine et du zinc renforçait la cytotoxicité de la chloroquine en induisant l’apoptose des cellules en question (1).

Expérience du Covid

Une expérience conduite in vitro indique que lorsque les limitations à la pénétration intracellulaire du Zn2+ étaient levées, celui-ci inhibe efficacement, à des doses équivalentes à 2.0 µmol/L, l’activité de synthèse de l’ARN viral par le complexe de réplication et de transcription multiprotéique du SARS-CoV, poussant certains auteurs à considérer le zinc comme une option thérapeutique chez les patients atteint par le SARS-CoV-2 (1).

La chloroquine, structurellement apparentée à l’hydroxychloroquine actuellement administrée en cas d’infection à SARS-CoV-2, a été décrite comme ionophore du zinc, facilitant ainsi son entrée dans les cellules (1), augmentant la biodisponibilité du zinc pour les cellules (4).

La dose orale de supplémentation en zinc (D-gluconate de zinc) est de 20 mg/j (1), les effets indésirables rapportés par la monographie du zinc sous forme de D-gluconate de zinc sont des nausées ou des vomissements, diarrhées qui surviennent dans de rares cas (0.01-0.1%).Au delà d’une posologie quotidienne de 50mg, des diarrhées peuvent survenir (1).

Les signes de surdosage, survenant à des doses orales supérieures aux doses thérapeutiques, sont notamment le  goût métallique, fièvre, nausées, douleurs abdominales, vertiges,  troubles électrolytiques, léthargie, ataxie, céphalées, diarrhées, vomissements, élévation des amylases, des lipases et des  phosphatases alcalines (1), d’où la nécessité d’administrer le zinc avec prudence.

L’Association Algérienne de Nutrition Maghrébine a soulevé le point sur la banalisation et l’utilisation abusive de ce minéral précieux qui est le zinc  afin de mettre fin aux agissements irresponsables et aux publicités mensongères qui  peuvent induire aux mésusages de cette molécule d’une façon anarchique sans la consultation du médecin (5).

En pratique :

Restaurer un statut optimal en oligo-élément tel que le zinc est un objectif qui participe à la prévention des carences dans les pathologies chroniques et la correction des symptômes qui peuvent apparaitre dans  les pathologies infectieuses plus particulièrement, toutefois une surveillance rapprochée lors de l’administration du zinc est nécessaire afin de prévenir l’apparition d’effets indésirables ou d’éventuels surdosages.

Bibliographie

• Gercekc C et Coll. "Sulfate de zinc et COVID-19 : évaluation pharmacologique" Département de Médecine Aiguë Service de Pharmacologie et Toxicologie Cliniques  Consulté le 20 Juin  2020 : 5 pages
• Lagarde C et Coll "Coronavirus Covid 19 : importance du zinc dans la défense antivirale" Synthèse Bibliographique du Comité Scientifique. Laboratoire   Consulté le 20 juin  2020 : 6 pages
• Read S et Coll. "The Role of Zinc in Antiviral Immunity".American Society for Nutrition. Consulté le 20juin2020 :15pages
• Vincent MJ et Coll. "Chloroquine is a potent inhibitor of SARS coronavirus infection and spread" Virol J Consulté le 28 Juin 2020 : 10 pages
• Djerrad Ab Président de l'association Algérienne de Nutrition  Maghrébine.˵Usage du zinc˶ .Consulté le 20juin2020 :1page.

Dernière mise à jour : Septembre 2020