L'alcool benzylique est un alcool aromatique volatile. Il se présente sous  forme de liquide incolore, inflammable et irritant. L'alcool benzylique peut être d'origine naturelle (végétale) ou obtenu par synthèse chimique. Il est utilisé dans de nombreux domaines industriels (pharmaceutique, cosmétique, phytosanitaire, alimentaire, etc…) (1).

Dans le domaine pharmaceutique, l'alcool benzylique, en association à la chlorhexidine et au chlorure de benzalkonium, est utilisé comme antiseptique des plaies chirurgicales et traumatiques peu profondes (1,2). Il joue également le rôle d’excipient, faisant part de la composition d’un grand nombre de médicaments injectables. Il peut aussi être un agent de conservation de divers solutions, telles que les ‘solutions salines’(1) (3).

La prescription aux nouveau-nées de produits pharmaceutiques contenant de l’alcool benzylique, est-elle sans danger ?

Les trois approches présentées ci-dessous permettent de répondre à cette problématique :

  • L’alcool benzylique, antiseptique contenu dans les solutions pour application locale :

L'utilisation de solutions de chlorhexidine, alcooliques ou aqueuses, pour l'antisepsie de la peau, avant une intervention invasive a été associée à des brûlures chimiques chez des nouveau-nés.

En l'absence de données sur la résorption cutanée, le risque d'effets systémiques ne peut être exclu. Ils sont d'autant plus à redouter, que l'antiseptique est utilisé sur une grande surface, sous pansement occlusif, sur une peau lésée (notamment brûlée) ou une muqueuse de prématuré ou de nouveau-né (2).

  • L’alcool benzylique, excipient contenu dans les solutions injectables en ampoules :

Des spécialités injectables peuvent contenir de l’alcool benzylique, notamment le  clonazepam,  un antiépileptique indiqué dans le traitement d'urgence de l'état de mal épileptique de l'adulte et de l'enfant.

Certaines spécialités de ce principe actif contiennent 30 mg/ml d’alcool benzylique (excipient  à  effet notoire). L’administration intraveineuse d’alcool benzylique a été associée à des effets indésirables graves et à la mort chez les nouveau-nés (« syndrome de suffocation »). La quantité minimale d’alcool benzylique susceptible d’entraîner une toxicité n’est pas connue. Il convient donc de ne pas l’utiliser chez le nouveau-né (jusqu’à 4 semaines)(3).

 

Une autre benzodiazépine, le diazépam utilisée comme anxiolytique doté de propriétés sédatives, hypnotiques, anticonvulsivantes et amnésiantes. Il est indiqué dans le traitement des crises convulsives  par voie rectale  du nourrisson et de l'enfant.

Comme le clonazepam, certaines spécialités du diazépam contiennent environs 15.7 mg/ml d’alcool benzylique, et sont donc contre-indiquées chez le nouveau-né (4).

  • L’alcool benzylique, agent de conservation contenu dans les solutions saline utilisées lors de la préparation des poches pour perfusion :

Le blinatumomab est un anticorps monoclonal indiqué dans le traitement de la leucémie aiguë lymphoblastique chez les adultes et les enfants.

En raison de l’ajout de solution saline bactériostatique, les sacs de solution de blinatumomab pour perfusion sur une durée de 7 jours, contiennent de l’alcool benzylique comme agent de conservation.

Des événements indésirables graves et des décès (y compris le « syndrome de respiration haletante ») liés à l’alcool benzylique, peuvent se produire chez les enfants, plus particulièrement chez les nouveau-nés ayant reçu la solution pour perfusion de blinatumomab.

Le « syndrome de respiration haletante » est caractérisé par une respiration superficielle, une dépression du système nerveux central, une acidose métabolique et des taux élevés d’alcool benzylique et de ses métabolites dans le sang et l’urine. Ce syndrome survient à des doses d’alcool benzylique supérieures à 99 mg/kg/jour chez les nouveau-nés, ayant un faible poids à la naissance.

Pour préparer les sacs de solution pour perfusion destinée aux nouveau-nés, il est recommandé aux professionnels de la santé d’utiliser une solution saline exempte d’agent de conservation (5,6).

 

Conclusion,

Il convient de souligner la dangerosité de l’usage des produits contenant de l’alcool benzylique chez les nouveau-nés. Qu’il soit antiseptique, excipient à effet notoire ou agent de conservation, cet alcool est contre-indiqué chez cette tranche d’âge de la population.

 

Annexe : Schéma récapitulatif des rôles de l’alcool benzylique et des conséquences de son utilisation chez le nouveau-né (1-6).

 

 

 BIBLIOGRAPHIE

1-"Journal des femmes. Rubrique : Santé. Alcool benzylique : utilisation, danger, allergie, c’est quoi ?". https://sante.journaldesfemmes.fr/fiches-medicaments/2784233-alcool-benzylique-utilisation-danger-allergie-pharmacie-injectable-chlorhexidine. 14 février 2022 (cité le 12 juin 2022) : 02 pages.

2-ANSM."RCP- Chlorhexidine / Benzalkonium / Alcool benzylique 0.25 g / 0.025 g / 4 ml pour 100 ml solution pour application locale". Mise à jour le  13 Octobre 2021 : 03 pages.

3-ANSM. "RCP-  Clonazepam Rivotril 1mg/1ml solution à diluer injectable". Mise à jour le  02 Décembre 2021 : 07 pages.

4-ANSM. "RCP- Diazépam 10mg/2ml solution injectable ". Mise à jour le 02 Mai 2022. Consulté le 22 juin 2022 : 09 pages.

5-Site officiel du Gouvernement du Canada. "Communication des risques pour les professionnels de la santé : Blinatumomab et la toxicité de l'alcool benzylique chez l'enfant". https://recalls-rappels.canada.ca/fr/avis-rappel/blincyto-blinatumomab-et-toxicite-alcool-benzylique-chez-enfant-0. 12 juin 2018 : 05 pages.

6-Amgen Canada.  Monographie "Blinatumomab poudre lyophilisée pour solution pour perfusion 38,5 microgrammes". Mise à jour le 06 Mai 2021 : 75 pages.

 

Dernière mise à jour : Septembre 2022

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